Déposition d’ARIAL sur le P.P.R.I

ARIAL est une association de citoyens de Saint Pierre des Corps qui a constitué la liste « Citoyens actifs et ouverts » ayant obtenu 2 élus au conseil municipal de Saint Pierre des Corps.

Dans le cadre de la phase de concertation, ARIAL salue le travail mené par les services de l’Etat pour redéfinir les risques d’inondation et les cartes d’aléas. Elle se félicite de la consultation actuelle : il est important que le risque soit pleinement connu afin qu’il soit mieux appréhendé par les populations et leurs élus.

Cependant, la prise de conscience que cela implique, révèle l’ampleur des errements d’aménagement du passé résultant d’une ignorance manifeste des risques. Aujourd’hui, nous sommes donc confrontés à 2 obligations majeures, à savoir, faire des choix d’aménagement prenant en compte les risques et réduire la vulnérabilité des aménagements déjà en situation de risques.

Plaidoyer pour une Stratégie Locale de Gestion du Risque d’Inondation 

Dans la logique du PGRI, l’Etat aurait dû lancer un travail de réflexion avec les citoyens, les associations et les élus locaux pour élaborer une stratégie visant à atténuer et gérer les risques dans le val.

Pour cette stratégie, ARIAL souhaite faire part de ses propositions stratégiques aux services de l’Etat dans le cadre de cette consultation publique sur le PPRI.

Le risque majeur est la rupture de digue, soit à partir d’un point de faiblesse, soit par creusement suite à une submersion. Pour éviter une rupture aléatoire, ARIAL souhaite l’aménagement d’une zone de submersion contrôlée ou « déversoir ». Un déversoir a de nombreux avantages : il peut éviter une brèche, contribue à écrêter la crue diminuant ainsi les risques de submersion, permet de maîtriser l’entrée d’eau dans le val et accélère le retour à la normale.

L’histoire du fleuve nous montre qu’il existe un point faible réputé dit « brèche de Conneuil » à la Ville aux Dames, qui résulte d’une interaction avec le débouché du val de Cisse. Nous préconisons l’aménagement d’un déversoir dans cette zone.

Dans l’optique de la création d’un déversoir à Conneuil, il faut envisager les zones d’écoulement préférentiel depuis la Ville aux Dames jusqu’à Tours. Différentes options nous paraissent possibles avec une nécessaire complémentarité :

  • faire des passages sous les voies ferrées à la Ville aux Dames pour envoyer les eaux du déversoir dans le val du Cher

  • aménager la zone d’écoulement préférentiel le long des voies depuis la Ville aux Dames jusqu’au passage sous l’autoroute en profitant des terrains naturels pas ou peu urbanisés à l’est de la commune pour faire des zones de rétention temporaire d’eau (selon la disposition 1B-2 du SDAGE Loire-Bretagne) entourées de talus boisés sur 3 côtés. A partir de ces retenues, on peut même envisager de faire un passage sous les voies vers les Epines Fortes à Saint Pierre. Or, cette zone encore en terrain naturel, est vouée à l’urbanisation alors qu’elle peut avoir un rôle stratégique important pour diminuer les niveaux d’eau dans la ville.

Pour l’élaboration de la SLGRI, nous souhaitons la mise en discussion et la mise à l’étude de ces propositions, ainsi que, suite à son déclassement, des aménagements de la digue du canal en vue de la rendre plus transparente au passage des eaux afin de diminuer les hauteurs d’eau dans Saint Pierre, par exemple en priorisant les ouvertures sous le pont de l’autoroute, de part et d’autre de la voie ferrée. Bien entendu, une telle stratégie d’écoulement des surverses doit être étendue à l’ensemble du val et concerne aussi l’aval de la commune de Saint Pierre des Corps.

Avis sur le PPRI

En l’absence d’une SLGRI, le règlement proposé offre une vision figée de la situation : continuer à construire mais en surélévation, aménager hors d’eau les habitations existantes et ne rien changer aux documents d’urbanisme, même lorsque les zones à urbaniser sont encore en terrain naturel.

La gestion des risques se limite aux interventions habituelles sur le lit de la Loire et de ses digues sans ambitions nouvelles visant à diminuer les aléas maintenant qu’ils sont mieux identifiés. Il n’y a aucune vision stratégique à l’échelle du val.

De ce fait, le PPRI ne peut être que conservatoire : il est vital de préserver les zones qui pourront servir à l’écoulement préférentiel et à l’expansion des eaux.

Cependant, la commune de Saint Pierre engagée dans la révision de son PLU, envisage des projets de nature à aggraver les risques :

  • projet de lotissement à la Morinerie, du côté des Epines Fortes et en pleine zone d’écoulement préférentiel. Même si cette zone est vouée à l’urbanisation dans le POS, il est encore temps de la préserver car elle est encore très peu construite. Mais la commune semble pressée d’avancer puisqu’elle vient de lancer un programme immobilier dans cette zone situé en point bas ;

  • projets de tertres urbanisés adossés à la digue de Loire sur les sites du Val Fleuri et de l’Aubrière, qui contribueront à réduire le champ d’expansion des crues avec pour résultat de faire monter les niveaux d’eau dans le reste de la ville, gérant le risque par la création d’une ville « haute » au sec et d’une ville « basse » sous l’eau.

Lors du dernier conseil municipal, il a été présenté un avis sur le PPRI visant à lever certains obstacles à ces projets et à permettre une plus grande constructibilité dans la commune. Il a également été présenté le programme d’aménagement de la Morinerie.

Nous voulons souligner que les 2 délibérations ont certes été adoptées, mais avec un nombre élevé d’abstentions et de votes « contre » : 15 votes « pour » seulement dans un conseil municipal de 33 membres.

Pour ARIAL, le PLU actuel ou en préparation ne saurait préempter le PPRI. Les dispositions proposées dans le texte soumis à cette consultation devraient être maintenues, et le quartier dit « des épines fortes » (actuelle zone U4a du POS) être rattaché à la zone d’expansion des crues de la Morinerie (actuelle zone 2NAi3). Sous cette seule réserve, nous sommes favorables à cet avant-projet de PPRI.

En conclusion,

Il est urgent de démarrer au plus tôt la concertation sur la stratégie locale.

Les nouvelles règles de ce PPRI  sont plus contraignantes, mais aussi plus protectrices pour les habitants actuels. La tâche des services de l’Etat n’est certes pas facile face à des communes ayant la volonté d’augmenter l’offre de logement pour maintenir leur niveau de population. Mais l’accélération des programmes d’urbanisation juste avant la révision des règles dictées par les risques, est irrespectueuse des habitants car c’est se priver d’options stratégiques allant dans le sens de l’intérêt général.


Les citoyens rassemblés au sein de l’association ARIAL, demandent que la sécurisation des populations l’emporte sur la sécurité budgétaire.